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Ô

Festival Baleapop, Saint Jean de Luz, France
2017

Ô s’étonne et interpelle: ce titre vocatif, à la forme mimétique de l’œuvre, exprime les rondes rituelles et le cercle figé dans la pierre des cromlechs. Ces tombes ou simples épitaphes, formées de cercles de pierres placés sur des hauteurs, à distance des villages, sont les harrespil abondants sur les reliefs pyrénéens, rappelant les défunts aux vivants. L’œuvre de Karim Forlin mêle l’éphémérité du rite à la solidité du monument qui le provoque, intègre la variation de la lumière, cette matière si singulière du territoire basque, «noble et subtile à la fois; jamais grise, jamais basse (même lorsque le soleil ne luit pas), c’est une lumière-espace, définie moins par les couleurs dont elle affecte les choses (comme dans l’autre Midi) que par la qualité éminemment habitable qu’elle donne à la terre» (Barthes, Incidents).


Le cercle sépulcral détermine un espace clignotant la nuit, à la phosphorescence étrange, échappée d’une cérémonie indéterminée à la régularité mécanique. Les silhouettes des pierres, peintes du rose fluo signalant en construction une zone d’emprise multi-réseaux, invite une assemblée de feux follets dans le festival, image d’individualités mouvantes cherchant dans un acte collectif leur propre reflet:

«Moi? C’est une image que je poursuis, rien de plus» (Nerval).


Audrey Teichmann

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